Conseil en innovation stratégique

Start-up washing, cool ou pas cool ?

[11 heures et 5 minutes, un mardi matin, quelque part dans le 10ème arrondissement – une planche de pin posée sur deux tréteaux, cinq macbook pro, un jukebox]

Basket aux pieds, jus de baie de goji et/ou grand latte à la main, Juul allumée (c’est une cigarette électronique qui fait fureur aux USA), trois startupers discutent dans un langage incompréhensible pour les non-initiés, mixant l’anglais, le français et un genre d’argot parisien. Ils parlent levée de fonds, ils parlent millions

Cette scène est-elle réelle ? Oui, ce n’est pas une fiction et ce genre de situation devient de plus en plus courant au sein de « l’écosystème ». Le startuper ou l’entrepreneur « hip » est-il le grand patron de demain ? Eh bien oui (encore), et il l’a déjà remplacé au sein de certains secteurs perméables à l’innovation tel que les média et la communication ou encore la vente en ligne.

Toutefois, l’idée selon laquelle le secret qui permettrait aux start-up d’atteindre des performances hors de portée serait la « culture start-up », qui fait la part belle au « cool » n’est pas tout à fait vérifiée…

Commençons par se donner une définition rationnelle de ce qu’est une start-up. Selon nous, le meilleur moyen de caractériser ces nouvelles entités super évolutives est de leur donner une définition flexible : une caractéristique indispensable et a minima 3 des 4 caractéristiques flexibles.

  • Caractéristique indispensable : Présenter une innovation technologique et/ou une innovation de service en rupture
  • Caractéristiques flexibles :
    1/ Exister depuis moins de 10 ans révolus ;
    2/ Générer un fort taux de croissance du chiffre d’affaires (supérieur à 20% par an) après deux ans d’existence ;
    3/ Disposer d’une ambition de chiffre d’affaires ou de levée de fonds de plus d’un million d’euros et/ou une ambition de développement à l’international ;
    4/ Au moins 1/3 du capital détenu directement par le dirigeant ou l’équipe dirigeante (avant ouverture du capital).

Déjà moins excentrique non ?

Dans l’écosystème, les choses vont tellement vite qu’il faut courir plus vite que les autres quitte à malmener certains fondamentaux économiques tel que la rentabilité immédiate de l’entreprise. Là où une entreprise serait heureuse d’obtenir un taux de croissance annuelle de 4 % avec une marge opérationnelle de 30 %, les start-up recherchent la croissance à tout prix, la financent par des levées de fonds successives, massives et repoussent toujours plus loin le fameux « break even point ».

Nous avons justement découvert que pour approcher pareils objectifs de résultat, la stratégie des start-up s’articule autour de cinq dimensions beaucoup plus pragmatiques : l’équipe, la vision du marché, la proposition de valeur, le suivi des indicateurs de performance (KPI) et le financement.

Si ces fondamentaux de la croissance sont bien applicables à toutes les entreprises, l’usage qu’en font les start-ups est particulier. Le startuper va concentrer son attention et ses efforts, de manière quasi psychiatrique sur une de ces dimensions en profitant de son extrême agilité pour faire, défaire et refaire en continu. Audace et confiance sont les facteurs clés pour le succès 😊

Autrement dit, les performances hors normes des start-up reposent davantage sur une gestion millimétrée, maniaque, que sur la généralisation des tables de ping-pong et des sweat-shirt à capuche dans les locaux…

Au final, loin du mythe de la start-up cool où il fait bon vivre ces jeunes entreprises innovantes sont des entreprises totalement focalisées sur la réalisation des objectifs les plus ambitieux possible. Pour les atteindre, elles appliquent des méthodes de management qu’aucune entreprise n’oserait même envisager !

‽ Et vous, et si vous aviez à collaborer avec de jeunes start-up, comment aborderiez-vous les premiers échanges ? Nous les connaissons bien et nous pouvons vous aider, et l’un et l’autre à aligner vos intérêts pour maximiser les synergies entre vos forces.

Franck Strazzulla, Consultant senior