Conseil en innovation stratégique

Le Bien-Être des Employés… Payant !

L’entreprise libérée, l’holacratie, l’agilité à tous les étages, etc etc, vous en avez tous entendu parlé.

Mais faire payer les employés pour l’usage de leurs propres bureaux, PC, imprimantes, envoi de mails, brief aux collaborateurs… ça, cela étonnerait fortement Tilt ideas !

C’est pourtant ce qu’expérimente de façon radicale depuis 8 ans l’entreprise Disco au Japon, créée en 1937, fabricant de puces électroniques, 5.000 employés, 5 milliards $ de capitalisation. Ceci afin d’optimiser l’usage et de mesurer le coût de chaque action interne qui jusqu’alors paraissait anodine.

Nom de code : Will Dream.

Ici, chez Disco, tout est un jeu (un peu comme dans les vidéo games à la Dragon Quest ou Final Fantasy). Et surtout, tout a un prix (exemple : une heure de salle de réunion = 100$), et les équipes se facturent les unes les autres à l’aide d’une monnaie interne, le Will, qui est transformée en Yen à la fin de chaque trimestre.

Le chef de chaque équipe assigne une partie du budget Will à chaque tâche que son équipe doit réaliser. Une app, « Colosseum », lance alors une enchère pour la tâche. Si celle-ci ne reçoit aucune enchère, elle est jugée inutile et donc supprimée.

Colosseum sert également à lancer des challenges à idées pour optimiser en permanence le système. 1.400 idées ont ainsi été testées en 2018 ! L’individu ou l’équipe dont l’idée est retenue à l’issue de battles internes reçoit un bonus de Will (maximisé à 1.800$). Le CEO de Disco, Kazuma Sekiya suit l’ensemble des  battles.

Les équipes se paient les unes les autres pour accomplir les tâches (exemple : les vendeurs paient les ingénieurs pour qu’ils designent les produits). Une fois la vente faite, elle génère un montant de Will qui est alors reversé à l’ensemble de la chaîne qui y a contribué (y compris les RH ou la supply chain).

Un système de pénalités a même été mis au point pour bannir les comportements inefficaces (ex : travailler tard).

Les collaborateurs peuvent obtenir des Will supplémentaires en rendant service (ex : remplacer un collègue qui doit aller chercher son enfant à l’école, ou traduire un rapport pour un autre…).

Cela rappellera à certains d’entre vous la culture « amibe » mise en place par Kyocera. La base du système est un principe de compensation qui trace méticuleusement la façon dont chaque individu et chaque équipe contribue aux revenus… mais aussi au bien-être.

Et les résultats ?

La marge opérationnelle a progressé de 26% (vs. 16% avant l’expérimentation), les bonus (y’a que cela de vrai pour motiver n’est-ce pas ?!) ont doublé, atteignant même un an de salaire pour les plus performants. Les salaires y sont 2 fois plus élevés que la moyenne nationale, et les heures supplémentaires ont baissé de 9%. Et, ultime preuve, Disco s’est même vue remettre cette année par le gouvernement japonais un prix pour avoir crée l’entreprise idéale (bon, d’accord, on est au Japon, pays qui a inventé le Kaïzen…).

En négatif, quelques ingénieurs ont quitté l’entreprise arguant que cette approche les détournait de leur objectif pur de recherche, d’autres à cause de la pression liée à la course au bonus court-termiste.

Et l’initiative n’a pour l’instant pas été reproduite ailleurs.

‽ Alors, Black Mirror au bureau, cela vous tente ? Sans aller jusqu’à ces extrêmes, peut-être pourrions-nous vous aider à réfléchir au Travail en 2030 (notre Observatoire dédié, complété par nos ateliers à l’Institut Esprit Service du Medef). Mesdames, Messieurs DRH, à votre disposition à la rentrée.

Brice Auckenthaler, associé