Conseil en innovation stratégique

L’innovation for Good, c’est de la transformation HtoH

Cet article fait suite à l’intervention de Tilt ideas lors de l’événement ‘’facteur humain’’ auquel nous avons participé (programme ici

Dans ce monde « fou, flux, flou**» où le paradoxe règne en maître, dans cette époque « pipolisée » de défiance généralisée, en ce siècle égalitariste qui priorise les revendications de l’ego, être HtoH -que ce soit à titre perso ou pro (2 casquettes hybridées désormais)- se caractérise par 12 facteurs ou postulats (liste totalement non exhaustive et absolument contestable).

1- HtoH, tout d’abord, c’est assumer l’invariabilité de l’homme (soumis à la déesse Mnemosyne). Beaucoup de sociologues modernes se persuadent que l’homme est perfectible, que le progrès le bonifie, que la science l’améliore. Fadaises ! L’homme, s’il a changé d’habit – pour celui d’avatar ou de cosmonaute martien- est toujours le même personnage, mêmement grandiose ou pathétique, sublime ou médiocre, ego ou eco (pour reprendre la terminologie chère à la sociodynamique…

2- HtoH c’est ensuite tenir compte des cultures respectives (des individus, des entreprises, des pays…). Assez étonnamment, ce facteur culturel est très largement sous-estimé dans les interrelations, lors des fusions ou encore lors de discussions diplomatiques. Or, comme le dit avec humour Peter Drucker :’’culture eats strategy for breakfast’’. Dans une démarche d’innovation en particulier, Tilt ideas analyse en préalable la culture de l’entreprise -forte de son histoire, de ses valeurs et modes d’organisation…- avant de définir le process le plus pertinent. Nous appelons cela l’Innotypes©.

3- HtoH c’est aussi tenir compte des biais cognitifs qui guident la plupart de nos choix. Parmi eux, nos préférés chez Tilt ideas touchent aux soi-disant règles, habitudes reproduites ou idées pré-conçues qui empêchent souvent d’investiguer de nouvelles routes excitantes (cf. le post it de #3M, l’aspi sans sac de #DYSON, l’Actifry de #Seb…). Contrairement à ce que l’on pense, la rationalité de l’humain est très limitée lors d’un choix. Notre méthode DrDR© (Dérégler Des Règles) vise à identifier ces biais pour mieux les challenger.

4- Être HtoH par ailleurs -et cela, aucune I.A ou robot ne nous le chipera- c’est apporter ce que j’ai appelé de la « chaleur ajoutée ». Autrement dit, de l’empathie telle qu’incarnée dans l’omotenashi japonais ( ie. la prise en considération bienveillante de l’autre). L’empathie occidentale, a contrario, est devenue (malheureusement) un concept caricatural du fait du confinement et du télétravail. Je préfère nettement la notion japonaise…

5- Ce qui nous amène au 5ème postulat, vulgarisé désormais dans le concept d’expérience sous le terme de symétrie des attentions, garante d’équilibre et de win-win dans les interrelations humaines. Le covid-19 a été un accélérateur de prise de conscience de cette symétrie, du fait notamment de l’amplification du digital qui rend flou les frontières pro/perso dans nos vies ;

6- Cette 5ème posture devrait entraîner logiquement un 6ème facteur comportemental : être « cash », ie. « walk the talk « . En français, traduire en actions symboliques ou systémiques ce que l’on dit, proclame ou promet… car être humain, c’est s’engager.

7- Pour ce faire, et incarner ce HtoH, rien de tel que la Q.I©, qualité d’initiative. Bizarrement peu enseignée à l’école ( où l’on diffuse principalement des dogmes, des cadres, des soi-disant règles, certes nécessaires mais largement insuffisants), cette Q.I est pourtant clef pour amplifier l’humain en nous. Dans le sens où prendre l’initiative est stimulant mais donne surtout l’impression de se révéler soi-même et de mieux maîtriser son futur.

8- Être HtoH, c’est par ailleurs appliquer le « conatus » cher à Spinoza. Il consiste (oui, oui, on est d’accord, c’est plus facile à dire qu’à faire…) à persévérer dans l’effort que l’on met pour écarter les obstacles, ce qui, par conséquent, nous fait accéder à la joie. Pas de HtoH sans jubilation au quotidien dans le marathon qu’est la vie;

9- Être HtoH, par ailleurs, c’est ne pas se prendre au sérieux même si l’on exerce un métier sérieux. Sinon, le risque principal c’est d’être condescendant – en un seul mot s’il vous plait 😊- et inauthentique. Cela nous dote d’un masque ou d’un costume supplémentaires qui enfouit ce facteur humain;

10- Être HtoH, c’est également adopter une autre formidable posture : « fix the client before fixing the problem ». S’occuper de l’humain avant de s’occuper de résoudre son problème. Nous avons tous et toutes été  confronté.e.s à ce type de situation où le simple accès à un humain plutôt que d’avoir à taper 1, 2, ou 3 suffit à déstresser, rassurer. A l’inverse se réfugier derrière des process ou outils pour résoudre le problème ne fait que souvent paradoxalement l’amplifier.

11- HtoH demain, ce sera aussi arrêter de se gargariser de ces gadgets que sont « l’agilité » (l’entreprise ou nos vies sont  remplies par essence de lourdeur et de complexité), « la bienveillance « ( je préfère celui de « bienviolence », plus proche de la réalité) ou encore « être soi-même » (qui nous enlise dans un narcissisme XXIème siècle exacerbé par les réseaux sociaux et l’hyper-individualisme de la «me generation» ou du personal branding;

12- HtoH, enfin, c’est aussi éviter à tout prix ce que j’ai dénommé le « BBB » (Better But Boring). Syndrome qui menace « l’humingénieur » qui sommeille dans chacun d’entre nous, dans son fantasme d’atteindre la perfection.

En bref, être HtoH c’est être un hybride d’Henri de Monfreid, Sylvain Tesson ou Arthur Rimbaud (autrement dit, des déambulateurs nez au vent et yeux grands ouverts), mâtinés d’Alain Damasio ou de Frank Herbert, deux prospectivistes qui n’en portent pas le nom mais décrivent un futur où l’humain se bat pour préserver sa place vs les machines.

Pour conclure et rendre hommage à Bernard Stiegler, Ces 12 postulats ont pour intention de : ‘’… Canaliser nos pulsions jubilatoires en investissements sublimatoirescar le bonheur de l’individu réside dans sa propre transformation… »

** cf. Article paru chez Mediapart en 2019

Brice Auckenthaler, co-founder, associé