Conseil en innovation stratégique

La RSE : chantier formidable d’innovations ?!

Innovation for Good (News) #57

« Il n’y a pas meilleur carburant que la joie… » (Ayn Rand auteur de « Atlas Shrugged » 1957)

Après la culture la semaine dernière, aujourd’hui la RSE, potentiel ferment de la dite culture. Et terrain encore insuffisamment exploré.

Nous sommes en France les champions des rêves écologiques.

Certes, la prise de conscience est là (gageons que la covid-19 a été un accélérateur) : 2/3 des Français estiment qu’il faut accélérer la transition verte (Opinion Way fin sept 2020) et également 2/3 sont convaincus qu’elle créera des emplois. Et 84% d’entre eux souhaitent que les aides publiques accordées aux entreprises privées soient conditionnées aux efforts qu’elles fourniront.

Toutefois, nous sommes également les champions du monde du paradoxe (illustré dans une des tendances clés : ‘PPPP’ suivie par Tilt ideas : Paranos, Paradoxaux, Pluri-masqués, Poreux…).

Pour résoudre ce paradoxe, l’élaboration et la mise en œuvre d’un nouveau modèle de développement qu’appellent de leurs vœux les deux Nobel d’économie, William Nordhaus et Paul Romer nous éclaire. Leurs travaux ont montré le rôle-clé de l’innovation comme moyen de croissance respectueuse de l’environnement. Nordhaus et Romer considèrent, non sans arguments, que le concept de « décroissance », tel qu’il est présenté par certains écologistes, est en fait la solution la plus égoïste possible, émanant exclusivement des habitants des pays développés. Pour ces éminents scientifiques, la croissance, à condition bien entendu d’être durable et de s’appuyer sur un processus dynamique d’innovation, est un objectif à poursuivre car elle permet une meilleure création et une réelle redistribution des richesses à travers toutes les couches de la population. C’est notamment ce mécanisme qui a permis de diminuer la part de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté qui s’est réduite de 35 % en 20 ans, d’augmenter de 30 ans l’espérance de vie moyenne mondiale à la naissance (qui atteint 71 ans) et de sortir une large partie de l’Asie du sous-développement endémique dans lequel elle se trouvait. Ces deux chercheurs font valoir que, pour les deux tiers de l’Humanité, la vraie question n’est pas de savoir comment décroître, mais bien de savoir comment répondre, sans détruire leur capital naturel et environnemental précieux, aux besoins d’une population croissante en produisant plus de ressources alimentaires, de routes, de voies ferrées, d’hôpitaux, d’écoles, de services de santé et d’éducation…

Nordhaus et Paul Romer s’appuient sur les travaux de Simon Kuznets (Nobel d’économie 1971) qui a montré l’existence d’une relation inverse entre la dégradation de l’environnement et le ratio de PIB par habitant. Au début du processus de croissance, la dégradation de l’environnement augmente, puis se stabilise lorsque le revenu par tête se situe à un certain seuil de croissance au-delà duquel elle diminue, jusqu’à entrer dans une dynamique de conciliation entre croissance et préservation de l’environnement.

‽ For Good ? Oui, car la connaissance et l’innovation jouent un rôle-clé pour favoriser une croissance durable et non destructrice de l’environnement. Les entreprises, en augmentant leur stock de capital, apprennent simultanément à produire de façon plus efficace, en valorisant les ressources naturelles, et à augmenter leur capital cognitif, qui devient alors un bien collectif auquel n’importe quelle entreprise peut avoir accès à un coût nul et que l’on peut utiliser en synergie avec d’autres facteurs pour produire de nouveaux biens et services finaux. Si l’écologie est non seulement le ‘’combat du siècle’’ (comme l’Elysée l’a assuré en lui accordant un tiers du plan de relance de 100 milliards), mais surtout si l’on passe des engagements déclarés à leur mise en action. Un gigantesque terrain d’opportunités ‘’d’innover for good ‘’  se présente à nous, comme Tilt ideas l’a identifié notamment dans son Observatoire RSE.  Et c’est bien pourquoi il faut élargir notre vision traditionnelle du concept d’innovation qui ne concerne pas seulement le champ technologique, mais également le champ social et organisationnel. Tilt ideas préfère parler de Q.I. (Qualité d’Initiatives) ce qui élargit le champs d’opportunités, tant internes qu’externes.

Si non ? ‘Eh bien : ’… Arrivera le temps où de l’homme ne naîtra plus aucune étoile…’’ (Philippe Murray, ‘’Moderne contre Moderne’’ – Edit. Les Belles Lettres)

Brice Auckenthaler

Associé, co-fondateur, recycleur patenté