Conseil en innovation stratégique

Tilt Attitude #8 – Les vies parallèles

La possibilité offerte à chacun de diversifier ses cercles et réseaux va de pair avec la construction d’identités multiples

Dans une société qui tend à se fragmenter, il n’est plus possible de se définir par la place précise que l’on y occupe.  L’identité n’est plus imposée et ne se réduit pas à des rôles sociaux bien définis ; elle est au contraire labile et versatile, au gré des communautés dans lesquelles chacun interagit. Les slasheurs sont déjà plus de 30 millions aux Etats-Unis et environ 4,5 millions en France et ont en commun le désir de prendre leur vie en main, pour ne plus la subir.

Nous n’avons qu’une vie, alors vivons en plusieurs (en même temps)

« Mon grand-père a fait le même travail toute sa vie, mon père a eu sept emplois différents tout au long de sa carrière et moi j’ai eu sept emplois en même temps ». En tenant ces propos il y a presque 10 ans, Seth Godin, ancien responsable marketing direct chez Yahoo ouvrait l’ère des slasheurs.

Un slasheur? C’est Antoine, 47 ans : ingénieur du son/postier/professeur de mathématiques. Colette, 49 ans, libraire/créatrice de bijoux/barmaid/mandataire immobilier. Victoire, 23 ans : comédienne/volleyeuse/communicante/photographe/ écrivain. 

Ils tirent leur nom du signe typographique « / », qui indique une séparation entre différents éléments simultanés. Véritables acrobates et jongleurs d’activités professionnelles, ils représentent aujourd’hui en France 16% de la population active. Pour 70% d’entre eux, ce rapport au travail n’est pas une nécessité, mais bien un choix libre et assumé.

Ces vies professionnelles parallèles marquent une véritable tendance de fond.

Dans un monde en perpétuelle mutation, ultra-connecté et où la simultanéité est légion, les slasheurs révolutionnent en profondeur notre façon de travailler.

  • Parce que les métiers que nous exerçons aujourd’hui, n’existeront plus demain : Ils s’affranchissent de la sempiternelle question : « que veux-tu faire quand tu seras grand(e) ?». Ils défont le mythe de la « vocation » professionnelle, celle qui nous enjoint à exercer un même métier toute notre vie. Ils le replacent par une relation au travail agile, créative, presque organique.
  • Parce que dans un monde confronté à des multiples crises et dans lequel les générations X et Y ne connaitront jamais le plein emploi, ils prônent l’enthousiasme des projets et l’entre/intraprenariat en jonglant entre différents employeurs, clients, bureaux, missions, projets, types de contrats…Selon une étude réalisée par Ipsos fin 2017 pour la plateforme Revolution@Work, 64% des jeunes français assurent qu’exercer plusieurs activités professionnelles en même temps sera la norme dans 10 ans.
  • Parce que dans une société qui se fragmente, l’identité n’est plus imposée et ne se réduit pas à des rôles sociaux bien définis ; elle fluctue au gré des communautés dans lesquelles chacun interagit. Les statuts, les savoirs, les rôles ne sont plus clairement définis…en véritables serial learners, les slasheurs n’ont de cesse d’explorer de nouvelles compétences, développer leurs multiples talents.

Quelques initiatives surfent déjà sur le phénomène des slasheurs. C’est notamment le cas de la start up Bowkr, qui met en relation les compétences de talents avec des employeurs en temps réel. Le service s’adresse aux entreprises et aux talents dont les besoins sont flexibles et mobiles.

‽ Et demain ? Plus que jamais, la question du sens au travail sera au cœur des enjeux des entreprises.

Comment accompagner au mieux les pluriactifs dans les entreprises ? Comment identifier et valoriser les compétences des collaborateurs qui ne sont pas liées à leur métier ? Comment aider leurs collaborateurs à s’épanouir hors du cadre de l’entreprise ? Quelle politique de fidélité mettre en œuvre ? Parlons s’en !

Marie Juin, Consultante Senior