Conseil en innovation stratégique

#Sociobang : C’est nouveau, c’est rétro

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A l’heure où les start-ups embrasent l’imaginaire des foules comme des politiques autour de leur rêve de progrès et monde nouveau, d’autres voix s’élèvent pour prêcher le retour à l’immuable, à la proximité, à l’artisanat. Avec le luxe et le premium en figure de proue où nombre d’entreprises se rebaptisent « maisons » et où les usines deviennent «manufactures».

Avec un écho d’autant plus fort que la transhumance semble précéder le transhumanisme avec 44% des Français qui affirment vouloir vivre à la campagne (étude Nielsen 2016 Style de vie) pour passer en mode télétravail heureux ou ancrage local plus marqué (confer l’explosion des gîtes et maisons d’hôtes) ? Voire même encore à un retour de l’homme à l’ état de nature comme émule de Rousseau ou Henry David Thoreau (pionnier de la désobéissance civile par son retrait pour une vie dans les bois).

Par une ruse de la raison, ce retour aux sources et au néo-artisanat reprend la diatribe de Baudelaire contre le progrès telle qu’il l’exprime dans ses Curiosités esthétiques sur l’exposition universelle de 1855 :

« Je veux parler de l’idée du progrès. Ce fanal obscur, invention du philosophisme actuel, breveté sans garantie de la Nature ou de la Divinité, cette lanterne moderne jette des ténèbres sur tous les objets de la connaissance ; la liberté s’évanouit, le châtiment disparaît. Qui veut y voir clair dans l’histoire doit avant tout éteindre ce fanal perfide. »

Il suffit de lire aujourd’hui La révolte des premiers de la classe de Jean-Laurent Cassely pour s’en convaincre. Une part en forte croissante des supposées élites ne rêvent plus aujourd’hui que de compléter la formation des grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs par un CAP pour devenir boulanger, charcutier, agriculteur. Et les nouveaux concepts d’artisanat revivifié fleurissent pour apporter non pas le progrès mais le nouveau, l’imagination qui s’empare d’un geste millénaire pour le teinter d’une touche contemporaine.

Avec à la clé de ce néo-artisanat, l’incarnation d’un retour à l’authenticité et au geste humain dans un monde toujours plus global et robotisé. Comme toujours, une tendance aura engendré sa contre-tendance pour le plus grand plaisir de nos sens comme de nos imaginaires qui se délectent de ces promesses de viandes maturées, de sellerie piquée main, d’agriculture raisonnée…

C’est le triomphe de l’aspiration que chantait Jean-Jacques Goldman à changer la vie « C’était un cordonnier, Qui faisait des souliers si jolis si légers, Que nos vies semblaient un peu moins lourdes à  porter»

C’est un beau sujet de réflexion pour nous tous que de se demander dans quelle mesure, comme ce cordonnier idéal, nos équipes et nous mettons  suffisamment de « temps, du talent et du cœur » à porter nos projets. Car c’est à cette seule condition que nous pourrons aller au-delà de la satisfaction clients et créer de l’engagement. Soit ce lien émotionnel à nos projets qui transcende la raison pour en faire une adhésion à une projet de marque.

Cette quête de sens se retrouve logiquement dans les attentes des Français envers le rôle des entreprises / marques dans la société :  les deux tiers souhaitent qu’elles s’engagent davantage et se déclarent prêts à payer plus chers les produits/services de celles contribuant à une société meilleure (étude Tilt-Epsy Brand’Gagement 2017). Quitte sinon à chercher l’authenticité manquante dans des produits directement entre consommateurs (cf. C’est qui le patron)

‽ Et vous, envisagez vous votre salut professionnel par le néo-artisanat ?  Ou portez-vous ses valeurs dans votre entreprise: soit de l’authenticité, de l’amour du bel ouvrage et de l’envie de partager votre passion ? Si vous êtes inspirés vous serez alors inspirants. Parlons-en 😉