Conseil en innovation stratégique

#Voir le futur – Demain, une parentalité plus plastique ?

La génération X – née entre 1960 et 1981 selon la classification de William Strauss – a grandi dans une période mouvementée, où le bien-être des enfants n’était pas la priorité des parents. Quand cette génération a commencé à avoir des enfants au début des années 1980, ont émergé de nouvelles préoccupations, en rupture avec le style « laisser faire » de ses propres parents, centrées sur le bonheur, la sécurité et le bien-être des enfants. Cette transformation de la parentalité a permis à toute une économie de fleurir : obsession de la santé, multiplication des activités extrascolaires surveillées, qu’elles soient intellectuelles ou sportives, sitcoms familiales à l’image du Cosby Show mettant en scène cette parentalité etc.

Ces préoccupations ont continué à s’affirmer ces deux dernières décennies, se manifestant par un zèle toujours plus important des parents, avec le développement des parents-poules pour qui la réussite physique et intellectuelle de leurs enfants est une priorité. Le documentaire Stress scolaire : l’obsession de l’excellence d’Arte (2013) a très bien mis en exergue ce phénomène : on y voit des mères multiplier les cours de soutien (en chinois, en mathématiques…) de leurs enfants collégiens, afin que ceux-ci puissent intégrer les lycées parisiens les plus prestigieux. Cette obsession confine à la surprotection, les parents de la génération X étant très/trop préoccupés par la santé et la sécurité de leurs enfants.

Cette situation est toutefois en passe de s’infléchir, après avoir atteint son pic, à mesure que la génération suivante (les « Y ») fait des enfants. Les « Y » adoptent, par réaction, un style de parentalité plus souple et flexible que leurs parents de la génération X. Un certain nombre de signaux faibles en témoignent : les publicités, par exemple, de produits et services pour enfants mettent de plus en plus en scène ce style plus souple. Ainsi, Procter & Gamble a diffusé un clip lors des J.O. de Sotchi montrant le parcours d’athlètes, depuis leur enfance jusqu’à leur victoire, en forme de remerciements pour les parents : « Merci de nous avoir appris que tomber nous rend plus forts ». De la même manière, la philosophie slow parenting se développe actuellement aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne : elle propose de laisser l’enfant explorer le monde à son propre rythme, plutôt que de le contraindre par un programme de cours et d’activités extrascolaires. On peut, par exemple, citer l’ouvrage Slow Parenting Teens (2012), par Marti Woodward et Molly Wingate, qui propose 5 attitudes slow pour renouer le lien avec les adolescents. La marque californienne Summit Toys s’appuie sur cette tendance à une parentalité plus souple en proposant des jouets qui incitent les enfants à apprendre par eux-mêmes en observant et explorant le monde qui les entoure, comme cette espèce de labyrinthe dans lequel l’enfant peut mettre des insectes, et étudier leur mode de vie. Plus largement, le cinéma met en scène cette évolution vers un mode de parentalité moins contraignant, illustré par de nombreux films montrant des enfants précoces que leurs parents laissent libres : Extremely Loud and Incredibly Close (2011), L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (2013), Another Happy Day (2011)… sont autant de modèles de parentalité non envahissante pour la génération Y. A une époque où l’angoisse face à son avenir personnel, mais aussi face à celui de ses enfants, atteint un paroxysme, ce nouveau type d’éducation est vraisemblablement la meilleure façon de naviguer dans l’incertitude.

Chaque génération a son style de parentalité caractéristique : l’entrée de la génération Y dans cette phase de la vie incite à prendre en compte leur mentalité et leurs aspirations. Les membres les plus âgés de cette génération ont aujourd’hui 34 ans, ce mode de parentalité plus souple qui les caractérise pourrait ainsi être amené à se développer considérablement dans les deux prochaines décennies. Votre marque, par ses produits et l’image est-elle suffisamment au diapason de ces nouvelles aspirations ?