Conseil en innovation stratégique

La Zététique appliquée à l’innovation

Innovation for good news #55

 

« Dans le doute, abstiens-toi » est un adage qui a la vie dure dans le monde VUCA actuel.

La zététique évoquée dans le titre, c’est «l’art du doute» selon Henri Broch. Le terme d’art se comprenant ici au sens médiéval d’habileté, de métier ou de connaissance technique. En clair, de «savoir-faire» utile pour la réflexion et l’enquête critiques.

Or, vous le savez, sans questionnement, sans remise en question, sans prise de risques, il ne peut pas y avoir d’innovation.

Au moment où le plastique -progrès inouï- est désormais vilipendé, au moment où la défiance à l’égard de la science elle-même est maximale (lire à ce sujet ‘’Les gardiens de la raison’’ Edition La Découverte), au moment où la France lance ses enchères 5G dans un climat d’incertitude et de polémique inédit, et après des débats houleux sur l’I.A (tiens, au fait, on n’en parle plus trop, la covid aurait-elle eu raison aussi des robots?), Tilt ideas souhaite rappeler quelques fondamentaux à propos de l’innovation.

 

-F1 : pas d’Innovation sans confiance. Litote certes, mais réalité amplifiée par la défiance généralisée à tous les étages, laquelle est auréolée de fake news et autres rumeurs plus ou moins fondées qui polluent inévitablement l’engagement des collaborateurs impliqués dans une démarche d’innovation.

-F2 : même si cela peut paraître paradoxal, assumer que l’innovation, c’est de l’incertitude (au moins tant que l’équation qui démontre comment garantir un succès à tous les coups/coûts n’est pas établie…). L’observatoire Best of ideas de Tilt ideas décortique chaque année une trentaine de succès multi-marchés à l’aune des tendances.

Postulat avéré : un succès repose non seulement sur l’engagement et les convictions des équipes qui ont porté le projet, mais également sur la réponse à au moins 4 tendances. Comme quoi le temps long de la prospective et des tendances peut aussi servir au temps court de l’innovation quick win.

F3 : l’innovation telle que nous la pratiquons chez Tilt ideas depuis 10 ans vise non seulement à renforcer la différence de marque (autrement dit, mieux affirmer sa raison d’être) et générer du chiffre d’affaires (donc de la marge, donc de l’emploi) mais aussi et surtout à imaginer un futur souhaitable. C’est pour cela que nos rubriques LinkedIn s’intitulent « Innovation for Good ».

Si cet objectif est le fil conducteur des démarches, il faut par conséquent assumer la prise de risque. Un futur souhaitable reste à être inventé. C’est de la transformation positive sans le dire.

-F4 : toute (vraie) innovation repose sur la remise en question des soi-disant règles. Toute entreprise, tout collaborateur, tout client s’est forgé des habitudes, des idées reçues, de soi-disant règles dans les façons de faire, de concevoir, d’acheter, ou d’utiliser une offre. La méthodologie DrDR (Dérégler Des Règles) de Tilt ideas vise à identifier l’ensemble des pré-requis et de les questionner. Formidable prétexte à les challenger avec l’aide des collaborateurs et, pourquoi pas, des clients. C’est ainsi, avec la force du collectif ; que l’on réduit le doute…

-F5 : dans un pays de culture d’ingénieurs tel que la France, réduire l’innovation à la seule technique/technologie ne participe pas de notre point de vue à réduire l’incertitude et le doute.

Parler plutôt d’initiative (Tilt ideas vise à augmenter la Q.I., Qualité d’Initiative) permet d’embarquer plus largement et d’identifier quick et moyens wins à 360 degrés.

Plus il y a de fêlés impliqués, plus le doute est circonscrit.

 

‽ For Good ? Oui, si l’on transforme les mots ‘’peur’’, ‘’crise’’, ‘’doute’’, ‘’défiance’’ en ‘’élan’’, ‘’défi’’, ‘’puissance de vivre et d’avancer’’.

Aucune avancée n’est sans aucun risque. En matière de santé, d’énergie, de télécoms, d’agroalimentaire… l’innovation demanderait à être évaluée sereinement en mesurant ses avantages et inconvénients. Au nom d’un principe de précaution absolu ou d’une urgence climatique qui nous pousseraient vers une sorte de dictature de la décroissance, certains voudraient que l’on interdise toute innovation dont l’impact ne serait pas que positif. Face aux incertitudes (qui datent de bien avant la covid-19), faisons confiance à l’intelligence collective.

Pour ce faire, le rôle des managers (en particulier les fameux « intermédiaires »)  sera de 3 ordres : 1/ Rassurer et inciter (sans imposer) leurs équipes à contribuer à l’invention de ce futur. Appelons cela du ‘Nudge Acting’. 2/ Veiller à partir d’un besoin clairement identifié et partagé (plutôt que de chercher à en créer de nouveaux). Et enfin, 3/ Accepter d’accorder du temps à leurs équipes pour qu’elles accouchent d’étoiles qui dansent.. sereinement.

 

Remplaçons «on n’arrête pas le progrès» (on voit ce que cela donne en matière d’incertitudes) par «imaginons un progrès souhaitable».

Lequel réconcilierait enfin les sphères sociales, sociétales, économiques et politiques, 4 critères qui pourraient servir à sélectionner les Innovation for Good de demain.

Sinon à quoi bon ?

A suivre en méditant les jolis propos de Juliette Greco : « …autrefois, nous allions lentement. On se faisait un chemin de chèvre, avec plein de cailloux, mais parfumé. Maintenant, c’est l’autoroute… ».

 

Brice Auckenthaler, co-fondateur, associé