Conseil en innovation stratégique

Wes Anderson, futur expert en innovation chez Tilt ideas ?

Depuis le 11 avril dernier, le dernier opus de Wes Anderson anime les salles obscures et nous offre (enfin, après 6 ans de gestation !) une fable d’anticipation pleine d’humour.
L’Île aux Chiens nous plonge dans un futur fantasmagorique, dans la ville de Megasaki au Japon, où un terrible virus impacte la population canine. Le maire, qui déteste les chiens et préfère de loin les chats, les envoie tous sans exception sur une île baptisée « Trash Island ». Le propriétaire d’un de ces « underdogs » opprimés, qui n’est autre que le neveu du maire, va se lancer à la recherche de son compagnon Spots en s’envolant pour l’île, et c’est son aventure que nous suivons durant 1h41.

Ce qui interpelle évidemment dans ce film c’est le parallèle avec notre histoire, lointaine ou actuelle, soutenu par la création d’une gouvernance fictive malheureusement familière, mais ce qui interpelle de manière encore plus flagrante, c’est la virtuosité de son traitement. Pour la 2nde fois, le réalisateur utilise la technique du stop-motion (après Fantastic Mr Fox en 2009) pour donner vie à ses personnages – notamment des animaux. Lui qui nous emmène à chacun de ses films dans des mondes esthétiques parfaitement léchés et maitrisés, depuis la symétrie des architectures aux détails vintage des costumes, lui qui semblait avoir déjà trouvé la recette parfaite de notre émerveillement, a décidé d’en changer quelques ingrédients. Ce qui l’a poussé à travailler cette technique minutieuse c’est son amour pour les vieux trucages, certes, mais aussi la liberté qu’elle lui confère : avec le stop-motion, sa créativité comme ses histoires n’ont plus de limite, Wes Anderson peut être plus ambitieux dans sa narration (avec un même budget), et faire réellement ce dont il a envie.

Ce besoin épidermique de liberté, il en parle sans filtre :

Je déteste les règles, je n’aime pas l’autorité (…) j’ai horreur d’être prévisible*

Sa solution pour ne pas l’être, c’est de préparer ses films très en amont, en s’accordant une marge de mouvement importante pour être à même d’accueillir l’imprévu sur un tournage.

Dans l’œuvre de Wes Anderson, nous aurions pu mettre en exergue le regard omniprésent et direct de l’enfance, ou encore les nombreux pas de côté que ses personnages font par rapport à la réalité, mais ce qui nous a interpellé chez Tilt ideas, c’est cette schizophrénie entre sur-maîtrise et lâcher-prise. Ou plutôt devrions-nous dire, sa manière de maîtriser le cadre et la technique, au profit de la liberté et de l’innovation.

‽ Dès lors qu’il met en place des astuces et processus pour mieux accueillir l’imprévu, Wes Anderson est un innovateur exemplaire, et fait d’ailleurs écho à notre 3e métier : Organiser l’innovation. Vu son tempérament, nous pourrions lui conseiller d’essayer le DrDR, notre méthodologie qui permet de dérégler les règles de son entreprise et son secteur pour identifier des axes d’innovation concrets, mais il n’a peut-être pas besoin de nous pour se réinventer.. !

Bref, filez vite au ciné.

Juliette Arnoux, consultante

*Propos tirés d’une interview de février 2014, publiée dans L’Obs : https://www.nouvelobs.com/cinema/20140226.CIN0764/wes-anderson-je-deteste-les-regles-je-n-aime-pas-l-autorite.html