Conseil en innovation stratégique

# Voir le Futur – Chérie, on va sur la Lune cet été ?

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L’agence spatiale fédérale russe est pour l’heure le seul opérateur à même d’envoyer des touristes dans l’espace, moyennant la somme rondelette de 20M$ pour 10 jours de voyage. La situation devrait être sensiblement différente d’ici la fin de l’année alors que, selon toute vraisemblance et conformément à ses objectifs, Virgin Galactic devrait ouvrir son service commercial après presque 10 ans de développement. Son nouvel appareil SpaceShipTwo a de fait passé avec succès tous ses derniers tests – devenant notamment en avril 2013 le premier appareil commercial après le Concorde à passer le mur du son – à tel point qu’il vient de recevoir le feu vert de la FAA le 30 mai dernier. Il en coûtera 250 000$ à ses premiers heureux clients pour 3h de voyage suborbital et 2 jours d’entraînement (700 personnes auraient déjà réservé leur voyage selon le CEO), un coût que Virgin Galactic souhaite voir tomber sous la barre des 100 000$ dans les 10 prochaines années.

Virgin Galactic n’est d’ailleurs pas la seule entreprise sur le filon du tourisme spatial en devenir, les compagnies d’ingénierie spatiale civile sont nombreuses sur les rangs : Space Adventures, SpaceX, Boeing, Paragon Space Development, Bigelow Aerospace, et Blue Origins espèrent proposer des services similaires dans un avenir proche, à des prix compétitifs. Paragon Space envisage ainsi de positionner à 75 000$ des voyages spatiaux de 2 à 6h, grâce à sa solution à bas coût World View, sorte de montgolfière pour la très haute altitude (30km) soulevée par un gigantesque ballon d’hélium.

Ces prix deviendront d’autant plus abordables à moyen-terme que de nouvelles solutions technologiques low-cost émergent. La Nasa collabore avec une société d’impression 3D afin d’imprimer en 3D des injecteurs de moteurs de fusée : une innovation qui a permis d’économiser 60% de temps de fabrication et 70% des coûts sur un modèle pilote testé en juillet 2013. SpaceX travaille quant à lui sur des systèmes de lancement réutilisables jusqu’à 2 à 3 fois en sauvegardant les éléments détachables normalement détruits par l’atmosphère, ce qui permettrait de réduire les coûts de lancement d’une fusée de 40-60M$ à moins de 10M$, les rendant de fait accessibles pour des applications grand public.

Alors que d’aucuns œuvrent à rendre accessible l’expérience du voyage spatial au plus grand nombre, d’autres travaillent déjà à sa premiumisation… Boeing vient ainsi de dévoiler fin-avril dernier sa capsule CST-100 (illustration ci-dessus), au design pensé pour maximiser le confort de vol et favoriser l’expérience de la microgravité. Cette capsule devrait dans un premier temps être utilisée pour acheminer des astronautes sur l’ISS, mais Boeing ne cache pas ses ambitions de l’utiliser à court-moyen termes pour du transport civil. Il est d’ailleurs probable que le CST-100 soit utilisé pour acheminer des visiteurs sur l’Alpha Station, un complexe spatial privé développé par Bigelow Aerospace à des fins de recherche et de loisirs qui serait arrimé à l’ISS à l’horizon 2016-2017… Un accord a tout du moins été conclu en ce sens entre les deux entreprises en janvier 2013.

La réduction des coûts et le foisonnement des projets en termes de tourisme spatial ouvre la porte à la recherche et aux investissements pour un plus large public dans les 15 prochaines années. Une fois encore, le réel rattrape ce qui relevait il y a peu de la science-fiction, la transformant en actualité brûlante, suffisamment en tout cas pour que les entreprises directement ou indirectement concernées s’y intéressent. Une façon pour nous de rappeler que la science-fiction est une méthode on ne peut plus féconde pour se projeter dans le futur, que nous pratiquons chez Tilt ideas pour des sujets de prospective de long-terme ou d’innovation de rupture. À bon entendeur 🙂