Conseil en innovation stratégique

Techno-Nature is the New Cool

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Du biomimétisme au vivant augmenté, la technologie réconcilie nature et culture. Accrochez-vous, car voici venu le temps de la techno-nature !

Si le thème de la naturalité a fait les choux gras de nombre de marques et d’enseignes de la distribution depuis une petite dizaine d’années maintenant, ce mouvement de « retour à la Terre » prend des formes plus inédites, dans des domaines et disciplines a priori peu suspectes de s’adonner au « green washing ». C’est notamment le cas du design, des arts plastiques et de la recherche scientifique. Etonnant, pensez-vous : la nature a longtemps (et encore plus depuis les fondements de l’anthropologie) été opposée à la culture, et cette volte-face semble à contre-courant de la technique et de la modernité.

C’est précisément depuis que la technologie aspire une portion croissante de nos vies, qu’on note ce net regain d’intérêt pour la nature, ou plus exactement le vivant, qu’il soit animal, végétal ou minéral. Qui n’a pas entendu parler de biomimétisme ces derniers mois ? Définie comme « démarche d’innovation, qui fait appel au transfert et à l’adaptation des principes et stratégies élaborés par les organismes vivants et les écosystèmes, afin de produire des biens et des services de manière durable, et rendre les sociétés humaines compatibles avec la biosphère […]. »[1], elle a d’abord conquis les biologistes, qui y ont trouvé un angle de recherche pertinent. Il faut dire que ce terrain de jeu est immense : la nature nous offre plus de 8 millions d’espèces et quelques 3,8 milliards d’années de Recherche & Développement. Si les applications scientifiques et industrielles ne manquent pas, nombre de startups se sont également lancées sur ce créneau depuis quelques années. Parmi les exemples les plus emblématiques, Glowee (qui propose d’éclairer les villes avec une lumière « propre », grâce à la bioluminescence, une réaction chimique développée par les lucioles et les organismes marins des profondeurs), mais aussi une foule de jeunes pousses proposant des solutions hybrides : citons encore Woodoo et son bois augmenté (technologie brevetée qui permet de rendre le bois deux à trois fois plus rigide, imputrescible, étanche, plus résistant au feu, mais aussi transparent ou translucide selon l’essence utilisée), ou encore Pili, qui fabrique des pigments et colorants sans produit chimique, par fermentation microbienne.

Au-delà des startups, nombre d’acteurs dans le domaine de l’art, du design et de l’architecture s’inspirent également du vivant, créant un passionnant mélange des genres, où l’artificiel et la nature s’imbriquent. C’est d’ailleurs le sujet d’une passionnante exposition La Fabrique du Vivant au Centre Pompidou (qui vient de se clôturer, mais dont on peut toujours admirer le trailer). Allant un cran plus loin, elle nous interroge sur la prise en main du vivant par les humains : peut-on vraiment programmer le vivant ? Parmi les démonstrations de ces techniques inspirées de la nature, on y découvre la biofabrication (mobilier et objets fabriqués à partir de mycelium de champignon des designers Jonas Edvard et Maurizio, notamment), le mobilier biodégradable d’Eric Klarenbeek élaboré à partir de microalgues.

Entre nature et technologie se situe le « semi-vivant » hybride fantastique qui « augmente » les possibilités du vivant par le numérique. De l’hybridation de cellules humaines et végétales aux œuvres auto-génératives dont la forme ne cesse d’évoluer[2], jusqu’à la reconstitution d’odeur de plantes disparues il y a un siècle[3] : la techno-nature n’a pas fini de nous étonner !

 

Cette innovation hybride repose sur un parti-pris pragmatique – à l’image des processus qui ont guidé l’évolution, préférant l’optimisation à la maximisation, à l’aide de touches créatives, insérées dans leur écosystème, et faisant fi des frontières entre disciplines…. un peu comme nos méthodes chez Tilt-ideas !

 

Catherine Somon, Manager chez Tilt-ideas

 

Quelques chiffres  :

  • En 2014 : création du Centre européen d’excellence en biomimétisme en France (CEEBIOS).
  • 2017 : Fortune et McKinsey identifient le biomimétisme comme l’une de leurs tendances majeures.
  • 175 équipes de recherche et une centaine d’entreprises sont positionnées dans cette démarche, dans des secteurs aussi variés que l’énergie, la construction, les matériaux, les cosmétiques…

 

[1] Biomimicry: Innovation Inspired by Nature, Janine Benyus, William Morrow, 1997

[2] Hicham Berrada

[3] Alexandra Daisy Ginsberg, Christina Agapakis et Sissel Tolaas ont recréé l’odeur de plantes disparues au XIXe siècle.