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#Sociobang : Vacances ou vacance ?

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A l’heure du « Back to work », Tilt ideas a voulu faire un peu durer le plaisir des vacances et parler voyages plutôt que rentrée. Histoire de contribuer à un atterrissage en douceur.

Tout d’abord, profitons du temps présent pour nous rappeler que ces mots ne sont devenus  – historiquement –  que récemment des réalités pour nous tous. Le nom « vacances » vient de vacant, du latin vacans… En ancien français, un vacant désigne alors un oisif, une personne en vacances (sens qui a aujourd’hui disparu). Dans le même esprit, le mot “voyage” vient au départ du latin via qui signifie “chemin”, “voie”, “route”. Le mot a été créé à partir du latin viaticum (= “provisions de route”) et viaticus (= “relatif au voyage”). Il désignait les pèlerinages et croisades, vu qu’à l’époque, le tourisme n’existait pas encore…

En France, c’est le Front Populaire qui a rendu (enfin) les vacances ouvertes à tous (et non plus aux seuls fortunés qui prenaient leurs quartiers d’été ailleurs) en votant la loi autorisant les salariés à prendre des vacances tout en continuant de percevoir leur salaire : les fameux deux semaines de congés payés !

L’imaginaire des vacances et des voyages choisis qu’elles permettent irriguent donc maintenant l’imaginaire de toute la société, à défaut d’être une réalité pour tous puisque un Français sur trois ne part pas durant les vacances. C’est aussi une réalité économique particulièrement importante en France : première destination touristique au monde dont l’activité touristique représente un poste excédentaire dans la balance des paiements supérieur à celui de celle agro-alimentaire ou automobile.

Plus qu’un simple sujet de ressourcement personnel, vacances et voyages sont devenus des enjeux qui font tourner le monde bien plus loin que les simples journées noires de Bison Fûté. Ainsi dans le secteur du luxe, les Chinois voyageant dans le monde dépensent autant que l’ensemble de ceux en Chine continentale. Les vacances dressent un panorama de l’air du temps et reflètent par leur mise en abyme les chemins de la société. En ce sens, le Monde mettait en avant les 5 tendances de l’été : robots d’accueil,  tourisme gay friendly, luxe sans bling bling, circuit théâtral et programme écoresponsable. De fait, plusieurs tendances travaillent en profondeur et dialectique le rapport aux voyages en vacances :

D’abord dans le rapport au temps qui vit la tension entre un ralentissement progressif des déplacements personnels (comme les limitations de vitesses imposées sur (auto)routes seulement en 1973) et l’accélération des transports collectifs (comme les projets impulsés par Elon Musk pour relier New York à Washington à plus de 1000km/h en tube magnétique) promis demain jusque vers l’espace.

Aussi dans le rapport à l’espace qui n’a jamais autant été labélisé (comme le sésame très prisé décerné par l’Unesco de patrimoine mondial de l’humanité), magnifié (maintenant de nuit par de savants éclairages), mis en couleur (par les concours de villes fleuries), idéalisé (par une promotion immobilière obligée à plus de respect historique), revivifié (ville musée comme Carcassonne ou espace réinventé comme le Puy du Fou).

Enfin dans le rapport à l’altérité avec les vacances comme possible communions collectives (des chemins de Saint Jacques aux bals pompiers ou des festivals aux plages) ou espace de retrait (de gites hors du monde aux complexes de luxe certifiés sans paparazzi…)

Au final, les vacances sont une affaire d’état. Avec des positions tranchées dans toutes les chapelles comme lorsque l’éditorialiste Christophe Barbier appelle de ses vœux la suppression de la 5ème semaine de congés pour remettre la France au travail en août ou lorsque Hamon gagne sa campagne des primaires socialistes en faisant miroiter le revenu universel et la perspective de vacances sans fin. Et dans cette dernière hypothèse, le mistigri d’un monde sans congés serait alors posé sur l’épaule de la robotique qui œuvrera sans relâche pour une humanité « libérée ».

A nous de choisir jusqu’où nous souhaitons nous mettre en vacance.