Conseil en innovation stratégique

2021, année de l’innovation for good ?

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Pas un seul jour où vous ne repérez une entreprise qui s’engage dans sa raison d’être pour devenir “à mission”

Un petit hic demeure : Seuls 30% des dirigeants dans le monde  sont convaincus que l’innovation est stratégique (étude HBR 2019)

Or l’innovation est la façon d’incarner cette raison d’être

Pourquoi ce paradoxe ?

Peut-être est-ce parce qu’ils reconnaissent (sans le dire) que l’innovation n’est pas assez “for good” ?

Qu’est-ce que cela veut dire “inno for good” ?

A quoi cela sert ? et comment s’y prendre ?

  • Comme le dit le philosophe Bruno Latour : “Il ne faut pas gâcher une bonne crise’’. Le covid-19, whatever happens, a eu cela de bon qu’il a permis une accélération de prise de conscience. Innovation for Good ce n’est rien d’autre que cela : admettre que le progrès – qui nous a stimulé en Occident pendant des années – est un mythe qui ne fait plus ni recette ni envie. Nous sommes en quelque sorte à ce que l’on appelle un “tipping point“. Ce sentiment s’est amplifié depuis la pandémie. Avec le covid, nous vivons réellement dans une sorte de scénario de science-fiction où tout semble à la fois remis en question (défiance à l’égard des experts…) et en même temps propice à l’accélération de l’Innovation for Good (en particulier sur des sujets liés à la RSE) de façon à incarner la modernité sous une forme plus responsable, plus positive, plus constructive. Une sorte de métamorphose sous forme de nécessité d’agir différemment, de concevoir et commercialiser des offres différemment. Sans revenir au monde des cavernes ou des Amish, mais en assumant l’impact de nos actions en tant que citoyen, consommateur, collaborateur. Comme le résume à l’épidémiologiste britannique Richard Wilkinson “La croissance économique a fait tout ce qu’elle a pu pour améliorer les conditions matérielles dans les pays développés. (…) à mesure que l’on possède davantage de tout, ce qui vient s’ajouter (…) contribue toujours moins au bien-être”. Peut-être faudrait-il simplement nous poser cette question : quel(s) progrès voulons-nous ?  L’innovation for Good, c’est de l’innovation à impact positif.
  • Le problème auquel IfG est actuellement confronté : L’IfG est trop cantonnée à la RSE or la RSE ce n’est pas sexy. Solution : RSE (Rendre Sexy l’Ecologie !) cad ne pas la laisser aux seules mains des experts RSE, mais inciter tous les acteurs à s’y mettre. L’IfG c’est du nudge. Le nudge c’est une réponse à 3 enjeux en ‘’i’’ : Incertitude sur le futur (liée en particulier à la défiance à l’égard des experts), qui  entraine Inquiétude, laquelle a comme conséquence l’Immobilisme. Le progrès se fige. Solution IfG, également en 3’’i’’ : Inciter, sans Imposer à prendre l’Initiative. Tous, de façon positive, collective et individuelle.
  • L’IfG à quoi cela sert ? Son objectif : réenchanter, au sens qu’entendait Max Weber ‘’reconnecter les sphères sociales, économiques et politiques’’. Bref l’IfG, selon Tilt ideas, cela sert à la fois à accélérer la capacité d’anticipation et d’engagement en interne (via la prospective, qui vous dote d’un avantage temporel ©), en particulier des façons d’optimiser l’empreinte des marques et des entreprises, et par ailleurs via une démarche d’innovation permettant de réduire le time to market en simplifiant offres et process

Pour éviter que mon propos ne soit trop théorique, voyons comment les entreprises commencent à doucement accélérer en matière d’IfG. A partager largement pour donner envie de s’y mettre…

  • Dans l’industrie, Renault, qui outre la création de sa nouvelle BU Mobilize, va entrer (enfin) DANS LE CERCLE DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE en transformant son usine historique de Flins en Re-Factory. L’usine prend un autre tournant pour devenir un site industriel entièrement consacré à l’économie circulaire. Une première en Europe. Avec la Re-Factory, Renault fait sa ‘’Renaulution’’ pour développer des solutions de mobilités accessibles, durables, décarbonées, pour tous
  • Dans l’alimentaire, voir Danone qui revient aux sources via un partenariat avec Loop pour consigner ses pots de yaourt (photo jointe). Ou Dabba : start-up emballages alimentaires recyclables basée à Grenoble… Ou évidemment TooGood to Go, car le gaspillage alimentaire est un sujet sociétal d’envergure sur lequel il y a énormément d’IfG à inventer
  • Pellenc ST : PME installée près d’Aix qui développe en test avec Système U un principe de récupération de bouteilles plastiques
  • Dans la santé : TechCare4All qui a une double mission en Afrique et Inde : trouver des financements pour aider les médecins et développer des devices santé notamment portatifs. En Biotech, Tilt ideas a repéré Medidata, filiale de Dassault Systems (2019) experte en virtualisation des études cliniques (ce que l’on appelle les digitherapeutics), ce qui a comme mérite d’accélérer l’obtention des résultats et donc de diminuer le coût. Marché estimé à 14 milliards de $ en 2027…
  • En matière de mobilité et de smartcity, jetez un œil à Numina (présentée au dernier CES virtuel, présentée dans ce podcast de PPC)
  • En Tech for good, si la protection de vos précieuses data persos est un enjeu pour vous, passez à Signal.
  • En Chine, y a pas que du mauvais 😊 : exemple d’IfG avec Tencent Trusted Doctors, un réseau de 450.000 médecins et d’hôpitaux et cliniques dédiés à la télémédecine. Avec livraison des médicaments à domicile
  • Les Etats s’y mettent aussi : ainsi, au Costa Rica l’électricité est fournie à partir de 100% d’énergies renouvelables, San Francisco est devenue une ville « zéro déchet », São Paulo au Brésil a enlevé des milliers de panneaux publicitaires extérieurs, l’État du Sikkim en Inde est devenu le 1er Etat à 100% en agriculture biologique, la Finlande a mis en œuvre un plan pionnier « zéro sdf » et réussi à ce qu’une quantité importante de personnes ne dorment plus dans la rue. Au Pays de Galles – initiative unique au monde – il existe un Commissaire aux générations futures, et au Bhoutan, depuis les années 1970, le Bonheur national brut a supplanté le PIB et a profondément transformé la société bhoutanaise.
  • Dans les medias, Conde Nast vient de lancer le magazine Give (je vous enverrai le lien si vous le souhaitez). Et Lagardère lance le test de vente de légumes frais dans ses kiosques à journaux (astucieuse façon de rendre la culture plus ‘’essentielle’’)
  • Par contre, je ne suis pas sûr que les initiatives suivantes soient forcément ‘for good’’ : Auctify (IA qui vérifie le niveau de concentration d’un collaborateur), ou Netflix (qui donne la possibilité d’augmenter jusqu’à 1.5 la vitesse de visonnage de ses films… genre watchers digest)

Innover for good, c’est non seulement se dire « un autre monde est possible », mais c’est surtout le mettre en pratique.

« Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse » déclarait Nelson Mandela. Soyons convaincus que le meilleur peut advenir de cette pandémie

  • more to know : Openday webschool inno à impact 
  • et enfin, conseil de lecture : redécouvrez Dune (paru en 1965) avant la sortie du film car c’est une mine d’IfG : par exemple le distille (‘’stillsuit’’), vêtement porté par les nomades Fremen de la planète Arrakis, qui recycle tous les liquides émis par notre corps pour permettre de survivre dans le désert…

Brice Auckenthaler, co-founder et associé