Conseil en innovation stratégique

Bienvenue à Gattaca

Dans le film d’anticipation Bienvenue à Gattaca, la société du futur est génétiquement triée sur le volet. Ainsi, il est possible de choisir les gamètes des parents pour concevoir in vitro les meilleurs enfants possibles… Un scénario vers lequel nous nous acheminons probablement, avec un angle quelque peu différent. D’une part, le nombre de célibataires dans le monde ne cesse d’augmenter et, parallèlement, le modèle de la famille nucléaire traditionnelle s’érode et la parentalité est en pleine reconfiguration. Notamment, la notion de lien biologique à l’enfant pose question, comme le prouve la loi récente sur Le Mariage pour Tous. D’autre part, sur le plan sanitaire, les couples éprouvent de plus en plus de difficultés à concevoir un enfant – impact de la qualité déplorable de l’alimentation et de l’environnement en ce début de XXIe siècle. Bref, pas facile de devenir père ou mère aujourd’hui… Enfin, la technologie le permet : des scientifiques américains de l’Université Washington à Seattle ont mis au point une méthode de screening du code génétique des enfants à naître, l’entreprise Fertility Institutes (Los Angeles, New York, Mexico) réalise 100M€ de CA en vendant une sélection génétique pré-natale aux parents, enfin des nombreuses compagnies vendent du sperme sur mesure (choix des caractéristiques physiques et intellectuelles du donneur) à l’image d’Ole Shou (Danemark) ou d’Heredity Choice (US).

Pas étonnant donc que les milieux technologiques entrevoient un horizon à 50 ans où la procréation sera déléguée à des moyens modernes, c’est-à-dire que plus aucun rapport sexuel ne sera nécessaire entre deux personnes pour faire un enfant. Peut-être même qu’un homme, une femme ou un couple (homo ou hétéro) pourront commander des enfants sur mesure, dont ils ne seront pas forcément les géniteurs…

Dans cette configuration, le sexe serait plus que jamais synonyme de plaisir si bien que des spécialistes de l’intelligence artificielle annoncent des robots sexuelles sur-performants capables de remplacer nos partenaires humains… D’ailleurs, la prostitution du futur ne pourrait-elle pas être robotisée ? C’est du moins ce que suggèrent des chercheurs de l’Université de Wellington et ce qu’esquissent des productions audiovisuelles telles qu’A.I. Intelligence Artificielle ou encore la série suédoise Real Humans.

Le couple, quant à lui, se redéfinira probablement en dehors des catégories traditionnelles de mari et d’épouse. Ainsi, peut-être qu’à la figure habituelle d’époux (ou d’épouse) se substituera celle de « partenaire de vie » avec qui on conçoit, et on élève ensuite, un enfant sans « lien amoureux ». D’ailleurs, les sites de rencontre n’existent-ils pas déjà pour le sexe et l’amour ?

Last but not least, la procréation sans sexe d’enfants dont nous ne serons pas toujours les géniteurs appellera à une redéfinition profonde de la parentalité. On pourrait par exemple être père ou mère célibataire, ou en communauté (via les réseaux sociaux?), ou encore accéder à la parentalité à 70 ans (ce qui n’est pas absurde puisque la moitié des bébés nés en 2013 atteindra l’âge de 100 ans) !

‽  Et si vous pensiez dès maintenant à votre cible d’un demain pas si lointain ? Le couple et la famille à venir seront bien différents d’aujourd’hui alors autant se préparer dès maintenant à satisfaire leurs nouveaux besoins et envies.