La technologie est en train de conditionner la plus grande évolution biologique depuis l’apparition de la vie. C’est la théorie de Yuval Noah Harari, un chercheur israélien : pour lui, après l’homme que nous connaissons aujourd’hui, adviendront les cyborgs, mi-humains mi-mécanismes améliorés. Il va, selon lui, s’opérer une transition biologique, et les humains deviendront d’ici 200 ans des machines sensibles et même quasi divines, étant donné le progrès et l’utilisation exponentielle de la technologie pour développer nos capacités. En effet, les avancées scientifiques ouvrent de nouvelles dimensions du cerveau humain, encore occultées, et l’évolution technologique accompagne le progrès de la médecine, du travail, de l’organisation de la pensée et même de l’accès à l’inconscient. Demain, les cyclistes et les nageurs se doperont à une nouvelle prothèse surhumaine. La science permettra de toujours s’améliorer… et de dépasser les 9’58 d’Usain Bolt !

A quel prix ? Cher au sens propre, terrifiant au sens figuré. Inévitablement, un effet pervers de cette évolution sera le creusement des inégalités entre riches et pauvres, entre ceux qui pourront acquérir un œil bionique et les autres, entre ceux qui achèteront les nouvelles lunettes à réalité augmentée et ceux condamnés à regarder des films avec des lunettes 3D (les pauvres, dans les deux sens). Au sens figuré, le futur semble terrifiant pour nous qui risquons d’être exclus par plus performants. Car ces manipulations ne vont pas sans les progrès faits par l’intelligence artificielle.

Et si demain, l’intelligence artificielle dépassait l’intelligence humaine ? On s’inspirera de la réalité pour écrire de la science fiction qui n’en sera même plus : Aldous Huxley, Arthur C. Clarke et Ira Levin seront comparés aux maîtres du réalisme descriptif Balzac, Proust et Zola. Bienvenue à Gatacca, La Cité des Astres, Un Bonheur insoutenable… Ces sociétés « idéales » ont été décrites comme des contre-utopies, inhumaines, froides et impersonnelles. Nous sommes prévenus. L’astrophysicien Stephen Hawking a récemment mis en garde la communauté scientifique, craignant que l’intelligence artificielle supplante celle de l’humain, que nos Frankenstein se retournent contre nous.

L’exclusion de l’humain nous terrifie. C’est probablement pour cela que nous assistons au retour de la chaleur humaine, du contact physique, de l’amour de l’authentique et du développement de l’entraide, par peur que la chaleur humaine elle-même soit remplacée. Alors, progrès… ou simple évolution ?

‽ Le secteur de la technologie, constamment en progrès, est florissant. Pourtant, il ne faut pas perdre de vue que, dissociée de l’aspect humain, une innovation technologique sera perçue comme un gadget et ne perdurera probablement pas sur le long terme.