Ce qu’une population d’initiés a l’habitude d’appeler le « quantified self » – i.e. l’utilisation d’appareils pour mesurer et suivre différents indicateurs liés à la santé – est en passe de se populariser et d’atteindre un nouveau stade qui permettra une vision et une gestion holistique de la santé de tout un chacun.

Les milliers d’applications santé disponibles (plus de 2000 rien que sur l’App Store en 2012) et téléchargées par millions à travers le monde (44M de téléchargements en 2012) ainsi que la vogue pour les appareils connectés tels que le Jawbone’s Up, le Fuelband, Basis ou encore Nike + et leurs applications associées forment le terreau de cette évolution de taille.

Si les données que fournissent ces différents dispositifs sont pour le moment cloisonnées – i.e. captives de leurs systèmes de collecte respectifs – la nouvelle génération d’applications et de technologies embarquées (à l’image des vêtements intelligents ou des tatouages sous-cutanés) permettra d’agréger et de transversaliser ces différentes données. Elles pourront ainsi délivrer tant aux consommateurs qu’aux professionnels de santé une information traitée et compréhensible mais également émettre des conseils de santé holistiques, portant sur le style de vie au sens large, en corrélant des indicateurs biologiques, émotionnels et environnementaux.

Les particuliers pourront ainsi plus facilement comprendre les éléments de leurs modes de vie qui impactent leur santé et agir en conséquence à titre préventif. Les médecins seront également mieux équipés pour la prévention, notamment celle des troubles cardiaques et des épisodes de crise de maladies chroniques telles que l’asthme, avec des systèmes comme Propeller Health qui recueille et transmet les données des épisodes de crise d’asthme aux médecins traitants et analyse l’ensemble des données de ses utilisateurs pour améliorer la recherche.

L’utilisation de ces données va bien entendu constituer une problématique majeure pour le développement de ce marché (voir à ce sujet l’article « Demain : un monde sans vie privée »), cela alors que certaines applications, à l’image de l’agrégateur de données santé Tictrac, vendent des insertions publicitaires ciblées.

‽ Avec ces nouvelles technologies qui sont de plus en plus accessibles, l’écosystème de la santé entame résolument sa transition nécessaire du traitement – dont les coûts ne sont plus supportables par les pays industrialisés vieillissants – vers la prévention. Cette redéfinition de la santé ouvre d’immenses opportunités tant pour les acteurs traditionnels du marché qui sauront s’y adapter, que pour de nouveaux entrants qui tireront partie de leurs expertises technologiques et/ou de leur position centrale dans le mode de vie des citoyens (services informatiques, équipementiers sportifs, textile, agroalimentaire, distributeurs, téléphonie, assurances, construction de terminaux informatiques…).