Conseil en innovation stratégique

Les bretelles font leur come-back

Il semblerait que le retour triomphal de la moustache fasse revenir avec lui tout le décorum du gentleman anglais. A Londres en tout cas, tout est prêt pour l’accueillir, les Clubs mythiques tels que le White’s et le Reform voient leurs listes d’attente s’allonger et leur clientèle rajeunir.

Mais cette renaissance des Clubs s’accompagne de légers changements… Si les salles à manger sont toujours scellées de portes matelassées et remplies de divans de cuir fatigué, la politique des maisons a largement évolué. Les moins de 40 ans bénéficient de réductions pour leurs cotisations, certains clubs proposent des tarifs dégressifs selon l’heure de fréquentation et les chambres affichent des prix plus abordables que dans la majorité des hôtels de la capitale.

Les notaires et les médecins ayant déserté les planchers au profit de jeunes cadres supérieurs dynamiques, les institutions de la City signent des accords avec des Clubs australiens et canadiens pour attirer une clientèle mobile et internationale. Et alors que consulter tout document professionnel est interdit dans les salles à manger, de nouveaux Clubs ouvrent leurs portes et font fi des conventions. C’est le cas du Groucho et du Home House où foisonnent tablettes, smartphones, jeans et baskets.

Mais le plus grand bouleversement dans ce cénacle très fermé des Clubs est leur ouverture à la gent féminine. Embrassant cette révolution, un Club exclusivement réservé aux femmes a ouvert ses portes : le Grace Belgravia où les femmes peuvent se retrouver entre pairs dans un lieu dont elles étaient autrefois bannies. Elles ont accès à une salle de gym, un restaurant gastronomique, un hammam et peuvent prendre rendez-vous avec différents experts médicaux et coachs de vie.

En conclusion, le plus important pour ces nouveaux acteurs de la scène select’ ce n’est pas l’origine mais l’occupation actuelle. Le mythe du self-made man américain aurait-il trouvé son eldorado?

Alors que l’entre-soi a été abondamment stigmatisé et déclaré obsolescent dans les discours médiatiques et politiques – au profit du concept de mixité sociale – des signaux faibles comme la renaissance des clubs en Grande Bretagne montrent qu’il est non seulement une dynamique persistante mais surtout qu’il connaît un fort regain. Partout dans le monde, de nouvelles formes d’entre-soi apparaissent: communautés fermées en Amérique du Nord, clubs néo-élitistes à Paris (à l’image du Silencio), sites de rencontre pour cadres ou pour confessions religieuses… A la différence de l’entre-soi hyper-élitiste de jadis, le nouvel entre-soi se veut plus ouvert – les communautés sont plus importantes – mais pas pour autant moins excluant; cette logique d’élargissement des clubs est une transcription physique de celle de l’élargissement des réseaux sur Internet. S’achemine-t-on physiquement et virtuellement vers une société de « cercles » à l’image du système d’organisation du réseau social Google+ dont les « cercles » permettent de catégoriser ses contacts en fonction de la nature de la relation?

Ayez un regard aiguisé et pointu sur les évolutions sociétales. Même sur celles qui a priori peuvent paraître insignifiantes. Vous pourriez bien y repérer les signaux faibles de nouveaux usages donc de nouveaux relais de croissance… C’est certes une évidence mais êtes-vous bien certains que votre entreprise pratique cet exercice? Ou  en fasse bon usage ?