Conseil en innovation stratégique

#Voir le futur : La Macif aime les startups

En mars dernier, l’assureur mutualiste, annonçait qu’il allait consacrer 500 millions d’euros à la transformation et à l’innovation à travers son plan stratégique 2016-2020. En fait, à travers des prises de participation dans différentes jeunes pousses de la nouvelle économie, il s’agit selon son Directeur Général Jean-Marc Raby de « développer un écosystème de partenaires innovants pour élaborer de nouveaux services ». Simple stratégie de diversification ? Sûrement pas.

Cette stratégie présente à l’évidence de multiples avantages. Se rapprocher de start up est d’abord une façon d’insuffler une nouvelle dynamique à l’entreprise, de diffuser une culture de l’innovation, de bousculer en quelque sorte des business models solides mais qui risquent aussi de s’essouffler, voire d’être disruptés demain. Mais quand il parle d’écosystèmes, Jean-Marc Raby entend aussi créer des synergies avec les entités historiques du groupe et former les collaborateurs à de nouveaux métiers, enjeu d’autant plus crucial que, toujours selon lui, une bonne partie des effectifs issus du back-office et des fonctions support aura d’ici quelques années une autre activité.

En tout cas, les rapprochements effectués par Macif Innovation, le nouveau véhicule d’investissement présidé par Adrien Couret ne sont pas anodins. En témoigne celui réalisé avec Monitorlinq, jeune entreprise néerlandaise qui développe une solution permettant le maintien à domicile de malades atteints d’Alzheimer grâce à des objets connectés. En permettant aux aidants de surveiller le sommeil ou les mouvements de leurs proches et d’être alertés en cas d’anomalie ou de problème, cette solution s’inscrit dans le développement programmé de l’ambulatoire au cours des prochaines années. C’est là en effet un enjeu majeur de santé publique qui est facilité par les progrès de la médecine (que la songe à la chimiothérapie per os dont la généralisation va permettre d’économiser 2,5 millions de séances par an aujourd’hui pratiquées à l’hôpital), mais qui est aussi souhaité aussi bien par les patients que par l’Etat, désireux de réduire les dépenses de santé. Une journée de HAD (hospitalisation à domicile) coûte en effet en moyenne 198€ contre 703€ pour une journée à l’hôpital (soit 3,5 fois moins cher), alors que pour le patient, la prise en charge par l’Assurance maladie est exactement la même. Or aujourd’hui, la HAD ne concerne que 1% des hospitalisations en France alors qu’elle atteint 5% dans certains pays, autant dire que la marge de progression est considérable.

L’enjeu de l’ambulatoire est aussi corrélé à l’allongement de la durée de vie et à l’augmentation régulière du nombre de personnes atteintes d’ALD[1], de sorte que le rôle de l’hôpital va évoluer pour devenir davantage une plateforme technique de coordination des soins qu’un lieu de séjour comme c’est le cas aujourd’hui. Les mutuelles et plus largement les organismes complémentaires qui financent aujourd’hui près de 14% des dépenses de santé sont évidemment intéressées en premier lieu par le développement de l’ambulatoire, particulièrement dans un contexte de baisse des taux de remboursement par l’assurance maladie.

Alors oui, la MACIF aime les start up, mais qui s’en plaindrait après tout ?

[1] : Fin 2016, l’assurance maladie publiait des chiffres indiquant que la France avait atteint le nombre de 10 millions de personnes souffrant d’ALD, soit 15% de la population. Ce chiffre s’accroit régulièrement autour de 200 000 nouveaux cas par an. Il intègre les maladies cardio-neuro-vasculaires (maladie coronaire, insuffisance cardiaque, troubles du rythme, cardiopathies, arthériopathies, AVC, hypertension artérielle sévères), le diabète, les tumeurs malignes ainsi que les affections psychiatriques de longue durée.