Conseil en innovation stratégique

#Sociobang – L’important c’est de participer

Le financement de projets avait déjà été révolutionné par le crowdfunding, bal ouvert en 2005 avec une première plateforme, Kula. Depuis, elles se sont multipliées comme des petits pains, de la plus généraliste comme Kisskissbankbank (43 590 150 € collectés pour 18 761 projets créatifs ou innovants) aux plus spécifiques comme Ulule (projets associatifs) ou MyMajorCompagny (projets culturels). Nous les français sommes 1,75 millions à avoir déjà contribué à une campagne de financement ! Cette « économie participative » chamboule les modèles de tous les domaines sans exception, et semble esquisser la norme de demain.

Mais les modalités de cette participation évoluent. Récemment, sur la plateforme Wikipédia, fer de lance de l’intelligence participative, fleurissaient des bannières incitant à donner « juste le prix d’un café » pour contribuer à son développement : les sollicitations sont plus que jamais devenues timides, minimes, pour toutes tailles de bourse et d’envie ; l’important maintenant, étant de PARTICIPER.

Assisterait-on à une réinvention et un déplacement de la participation démocratique d’antan, comme l’affirme la sociologue Maryse Bresson dans son ouvrage « La participation : un concept constamment réinventé » (2014) ? Viendrait-ce plutôt d’une prise de conscience par la foule de son pouvoir d’action, qui donnerait lieu à un désengagement individuel…Ou, justement, d’un désir exacerbé de la part des individus d’exister dans une masse indifférenciée ?

La société postmoderne ne cesse de dénoncer un individualisme croissant, dans laquelle nous nous presserions pour exister de façon autonome, fuyant la moindre contrainte d’un collectif devenu gênant. Mais, et c’est là tout le paradoxe, comment exister si personne n’est là pour le constater ? Participation financière ou temporelle, soutient écrit, nous souhaitons à tout prix prouver – à nous-même et aux autres – notre implication, et, pour cela, tous les moyens sont bons. Jouant sur cette ambivalence de contribution-reconnaissance, des initiatives comme Préambule voient le jour, plateforme en ligne où tout écrivain en herbe peut déposer son début de livre et laisser d’autres personnes, internautes ou écrivains professionnels, prendre le relais. La couleur est annoncée en première page : « Vous publierez alors une courte histoire en collaboration avec un grand nom de la littérature ». Mais alors, finies les œuvres qui mettent des années à mûrir, au risque de finir posthume, finie l’audace du génie incompris… Surfant sur l’injonction à la réactivité et à l’immédiateté, la participation de « petits pas » ne cessera de se développer dans les années à venir.

Et vous, en ce début d’année, comment donner à vos clients de quoi agir et réagir, ces « petits pas » qui leur laisseront ce sentiment d’implication si précieux ? N’en demandez pas trop, ou, au contraire,  prenez le contre-pied et demandez-en beaucoup : évitez seulement le mol entre-deux.