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#Sociobang – Du Réel en Série

Depuis les années 1990, les feuilletons télévisés ont renoncé à leurs héros irréprochables. Finis, les personnages indéfectibles, tirés aux quatre épingles façon James Bond de 1962 : Doctor Who joue dans l’émotionnel quand le Batman du dernier Marvel, devenu paranoïaque, va jusqu’à trahir ses équipiers. Place donc à l’anti-héro des années 2000 : « Je suis un homme mais j’ai des fêlures », un personnage imparfait, fragile, voire névrosé. Son humanité exacerbée lui donne sa légitimité héroïque et le rapproche des téléspectateurs. En 2016, ce n’est plus un homme (cf. les hobots de Real Humans), il est déshumanisé par sa méchanceté et sa cruauté, ou, tout simplement, il n’est plus le socle sur lequel repose la dynamique de l’intrigue. La série Game Of Thrones propose ainsi au public, plutôt que de suivre un héros en particulier, d’entrer dans un monde où l’on suit tantôt un personnage, tantôt un autre (tous mortels), au grès des dénouements d’alliances entre les familles.

Le géopolitique Dominique Moïsi soutient que les séries n’aujourd’hui sont les équivalents des romans de Balzac. Comme ces derniers dépeignaient hier la société du XIXème siècle, les séries d’aujourd’hui proposent des mondes où les règles sont toutes autres, traduisant « une sorte de catalogue des peurs de notre société » : depuis la fascination et la peur pour le chaos dans Games of Thrones, en passant par le terrorisme dans Homeland, la fin de la démocratie dans House of Cards, jusqu’à la nostalgie de la fin d’un système dans Downton Abbey.

Mais plutôt que de se borner à manifester la « crise d’identité des sociétés démocratiques aujourd’hui » (Moïsi 2016), cette apparition du no-hero et du héros collectif ne révèlerait-elle pas un changement dans la façon qu’ont les individus de se représenter ? Ainsi, l’imaginaire collectif prend de la hauteur et se distancie des personnages fantasmés, au profit du réel et à la mise en scène d’une forme d’« authenticité » (Sepulchre 2007). Le masque tombe : les téléspectateurs veulent voir la vérité en face, avec ou sans métaphore. Les séries comme Girl ou You’re The Worst sont un hymne au naturel, appréciées car, en montrant le réel sans fard, elles rejoignent notre présent et le reteinte d’espoir.

Les clients en ont assez de rêver au conditionnel. Comment votre mission rejoint-elle ces aspirations ? Que mettez-vous concrètement en œuvre pour les assister dans leur quotidien, lui bien réel ?