Conseil en innovation stratégique

Plan et Prospective Stratégique 

Innovation for Good News #51

L’Observatoire de tendances Neoxygen de Tilt ideas, initié au début de la pandémie, avait révélé un déficit majeur d’anticipation de la part des entreprises, faute de démarches de prospective organisées de façon stratégique et pérenne. Ce n’est pas nous qui le disons, mais les 60 dirigeant.e.s interrogés par nos soins.

Pour relancer l’économie française mise à mal par la crise, le gouvernement français a annoncé mi-juillet vouloir donner une seconde vie au Commissariat général au Plan pour relancer son rôle de guide dans le développement des stratégies à long terme. Le Plan version 2020 sera dirigé par l’ancien ministre François Bayrou et aura pour vocation « de planifier la politique économique et de définir les gisements de croissance future ». Bien distinct de l’exécutif une fois n’est pas coutume et sans lien avec Matignon, son directeur reportera directement à Emmanuel Macron.

Créé en 1946 par le général de Gaulle et Jean Monnet pour aider à la reconstruction à la sortie de la guerre, le Plan a contribué à la modernisation technologique de la France dans les années 1960 en définissant les stratégies d’aménagement du territoire, de développement de la filière nucléaire, du Concorde ou encore du TGV.

L’art de la planification étant difficile, on peut noter quelques péripéties notables. Ainsi, le 4ème plan (1962-67) avait considéré le téléphone comme un objet de luxe…

Et certains projets de l’État stratège avaient viré au fiasco : cf. les mésaventures de Bull, issu du plan Calcul de 1966, ou le Minitel dans les années 1980 qui se voulait le concurrent d’Internet (et qui avait été préféré en son temps au datagramme de Louis Pouzin, qui servira plus tard à l’invention… d’Internet) . Ou plus récemment le projet de système d’information Chorus qui a coûté près de 400M€… sans jamais fonctionner.

En 2013, la création de France Strategie acte la fin de l’idéologie de la planification où l’État prend des décisions en matière de politique industrielle. Aujourd’hui, France Stratégie est essentiellement un organisme produisant des rapports – formulant des propositions jugées par certains « farfelues » – et pas forcément en ligne avec l’orientation politique du gouvernement. Autrement dit, un producteur d’informations qui publie des rapports censés éclairer l’action publique, rôle qui apparaît aujourd’hui trop limité si le Plan nouvelle formule veut devenir le bras armé de l’État stratège dans la relance.

S’il est vrai que, comme le souligne le professeur d’économie Claude Sicard dans une tribune récente publiée dans Le Figaro, il semble indispensable de séparer la fonction « études » de la fonction « stratégie » afin qu’une véritable réflexion sur les orientations à long terme puisse avoir lieu, il n’en demeure pas moins que la priorité de l’État devrait être d’accompagner le changement plutôt que de vouloir prédire le futur…

For Good ? Oui, surtout si l’on souhaite que : … «Le jour d’après ne ressemble pas au jour d’avant». Adopter une vision prospective permet de ne pas sacrifier à la dictature de l’instant. Et de se démarquer de ce que tout le monde fait sur les réseaux sociaux ou sur les chaînes d’infos en continu (produire de l’opinion, analyser à chaud…). Inspirons-nous de la Chine (quoiqu’on en pense) et de sa capacité à «penser le monde à trente ans» alors que les gouvernements français, eux, ne la pensent «pas même pas à trente jours» (ce n’est pas non plus Tilt ideas qui le dit, mais François Bayrou lui-même 😊).

 

Brice Auckenthaler, associé co-fondateur