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#KuToo : quand les talons au travail deviennent casse-pieds

Clin d’oeil au #MeToo, le mouvement #KuToo – de « kutsu » (chaussure) et « kutsuu » (douleur) – a été lancé en février par la jeune actrice Yumi Ishikawa, contre l’obligation de porter des talons aiguilles au travail. Avec elle, des milliers de Japonaises entendent donner un coup de pied aux diktats de la féminité qu’elles considèrent comme une discrimination sexiste. Associé au #KuToo, ce sont des centaines de clichés de pieds abîmés et blessés qui ont été postés après une journée de travail à plusieurs centimètres du sol.

Cette protestation ne s’arrête pas aux réseaux sociaux. Depuis avril, de nombreuses Japonaises manifestent chaque 11 du mois dans les rues de Tokyo pour appeler à plus d’égalité. Cette révolte n’est pas anecdotique quand on sait que 60 % des femmes japonaises disent avoir été visées ou témoins de l’obligation de porter des talons hauts sur leur lieu de travail, selon un sondage du site Business Insider Japan. Elle témoigne du refus croissant des conventions sociales traditionnelles qui règnent au sein de la société nippone. Rien de nouveau sous le soleil quand on observe que le Japon est classé à la 110ème position sur 149 dans le classement du Forum économique mondial sur la parité entre les genres. Comme Brice l’expliquait à l’occasion de son dernier article, l’égalité homme-femme au Japon paraît aujourd’hui encore être très loin de la réalité.

A propos des talons hauts, Takumi Nemoto, Ministre de la Santé et du Travail, a même déclaré « cette obligation est quelque chose de professionnellement nécessaire et approprié ». Une réaction du plus haut sommet de l’Etat qui a fait polémique et suscité l’intérêt de nombreux médias japonais qui se sont emparés du sujet et ont multiplié les reportages, s’interrogeant sur le bien-fondé de cette coutume professionnelle dénoncée comme une discrimination envers les femmes.

« Ce n’est pas un mouvement contre les talons, précise Yumi Ishikawa à la chaîne Nippon TV, mais pour que les femmes aient, comme les hommes, le droit de choisir les chaussures qu’elles portent ». Pour continuer à se faire entendre, le mouvement organise également des actions médiatiques, invitant par exemple des hommes à se mettre dans la peau des femmes… en chaussant des talons hauts pour quelques minutes. Aussi, une pétition, qui a recueilli plus de 30 000 signatures, a même été remise au Ministère de la Santé et du Travail, pour qu’une loi interdise cette obligation. Les Japonaises s’efforcent de faire réfléchir les citoyens japonais sur la façon dont ils considèrent la femme au travail, et plus généralement au sein de la société. Toutes ces initiatives s’attachent à moderniser la culture nippone, partagée entre progrès et traditions.

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Bastien Salvini, consultant