Conseil en innovation stratégique

#Voir le Futur – Les « culturistes » du cerveau

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N’avez-vous jamais rêvé, à l’instar de Bradley Cooper dans Limitless (2011) ou de Scarlett Johansson dans Lucy (2014), d’accéder à une drogue miraculeuse à même de d’étendre vos capacités cérébrales ? Ces deux films sont révélateurs d’un glissement de discours sur l’usage de la drogue dans la sphère professionnelle, ancré dans l’idéal promu par les transhumanistes.

De fait, si l’usage de la drogue dans le monde du travail est traditionnellement considéré comme un problème, ces “nootropiques” – nom donné à toutes ces substances permettant une augmentation cognitive – répondent à des conditions d’acceptabilité différentes, dans la mesure où elles permettent de renforcer la motivation, la concentration et la productivité. De là à rendre leur utilisation souhaitable, il n’y a qu’un pas : le potentiel immense que ces substances laissent entrevoir en termes de performance éclipse totalement la question des risques à long-terme qu’ils peuvent occasionner…  et du modèle de société sous-jacent.

Cette pratique pourrait en effet s’instaurer comme une norme dans un futur proche. S’il est peu probable que les employeurs demandent explicitement à leurs employés de prendre de telles substances, leur usage par quelques employés ambitieux suffirait à changer les horizons d’attente envers les autres, les poussant eux-mêmes tacitement à en prendre.

Ce glissement est déjà bien perceptible dans la vie réelle. La pratique est ainsi devenue courante chez les étudiants de l’enseignement supérieur en Amérique du Nord et gagne du terrain partout dans le monde. Le monde de l’entreprise n’est pas en reste, l’HR Magazine faisait état en 2005 de l’abus de méthamphétamine chez les cadres américains, qui y recouraient en vue d’augmenter leurs facultés de concentration et leur productivité. Il se dit par ailleurs que la majorité des entrepreneurs de la Silicon Valley – prompts à hacker leurs propres corps pour en éprouver les limites – en sont adeptes, à l’image de Dave Asprey : cet entrepreneur, qui avale chaque matin un cocktail d’une quinzaine de pilules pour booster ses capacités cérébrales, commercialise auprès du grand public certains des nootropiques qu’il consomme et prodigue ses conseils à travers un podcast qui a été téléchargé plus de 6 millions de fois.

Les futurs que nous voyons se dessiner aujourd’hui le sont à l’initiative d’idéalistes qui promeuvent et rendent tangibles petit à petit leurs visions. Leurs initiatives – qu’on y souscrive ou non – démontrent qu’il nous appartient dès aujourd’hui de construire le futur auquel nous aspirons, de définir ce qui est du ressort du souhaitable et du non-souhaitable ; dans le cas contraire, nous pourrions bien voir s’imposer à nous des logiques qui nous paraissent aujourd’hui dystopiques. Ainsi, chez Tilt ideas, nous  promouvons un renversement de perspective sur le futur, avec une prospective du choix plutôt qu’une prospective du risque / de l’adaptation à des changements subis.