Conseil en innovation stratégique

CR Matins de Tilt #4 / Les enseignements prospectifs de Pernod Ricard et Renault

Pour ouvrir le débat, Tilt ideas, a présenté deux grands modèles d’organisation de la prospective en entreprise : le modèle rattaché à une direction fonctionnelle (Marketing, R&D, RH etc.) et le modèle détaché, conçu pour irriguer la réflexion des départements fonctionnels et pour alimenter la planification stratégique. C’est à ce second modèle que se rattachent les deux structures atypiques qui ont été présentées au cours de la matinée : BIG [Breakthrough Innovation Group] chez Pernod Ricard – présenté par Alain Dufossé son cofondateur – et le LCI [Laboratoire Coopératif d’Innovation] du groupe Renault auquel nous a introduit Gilles Lallement, son directeur.

Le cas BIG

BIG, créé en janvier 2012, est né de la volonté de passer d’une stratégie de croissance basée sur la fusion-acquisition à une stratégie de croissance reposant sur l’innovation interne. La structure remplit 3 fonctions pour le groupe :

1) l’observation pour détecter tendances et signaux faibles et proposer des idées innovantes (30% de l’activité);

2) la mise en place des idées émises (60% du travail);

3) l’inspiration des collaborateurs du groupe (10%).

Pour assurer ces 3 fonctions, BIG a su déployer des outils de prospective originaux, comme son réseau de consommateurs créatifs disséminés dans plusieurs villes dynamiques du globe. Ceux-ci ont pour mission d’alimenter régulièrement BIG en idées innovantes venues des 4 coins du monde, formant ainsi un redoutable observatoire in situ des tendances et des signaux faibles.

Dans un futur proche, BIG envisage même de se doter d’un incubateur indépendant ayant vocation à favoriser l’intra-entreprenariat chez Pernod-Ricard. L' »extra-entreprenariat » n’est toutefois pas en reste puisque la structure bénéficie d’un fonds d’environ 20M€ destiné à la recherche et à l’investissement dans des start-ups innovantes et à fort potentiel.

Bien qu’affiliée au groupe Pernod Ricard, BIG est une structure indépendante dédiée corps et âme à l’innovation et à la prospective et jouit, de ce fait, d’une liberté salutaire, d’autant qu’elle a l’entière confiance du DG des marques, auquel elle fait son report hiérarchique, et qu’elle n’a pas d’objectifs fixés par la direction. C’est dans ce contexte sans contraintes que BIG peut déployer et mettre en oeuvre ces outils prospectifs singuliers qui apportent au groupe une nouvelle perspective, non plus centrée sur le produit mais sur l’expérience consommateur. Grâce à toutes ces initiatives, Alain Dufossé entend bien alimenter Pernod Ricard en innovations de rupture, notamment digitales, pour améliorer l’expérience consommateur et renforcer la stratégie de premiumisation du groupe.

Le cas LCI

Gilles Lallement, directeur de la structure prospective et innovation du groupe Renault, implantée au cœur du Technocentre, a présenté cette cellule innovation dont il a la charge. Né il y a trois ans, sur les bases de la belle aventure Twizy, LCI a pour vocation de fournir le groupe en projets rupturistes, dans un secteur où l’innovation incrémentale règne en maître, la faute à des cycles de développement produits longs et onéreux (5 ans en moyenne).

Les spécificités de l’industrie font du LCI une structure transverse où cogitent des personnes rattachées aux différents départements fonctionnels de Renault – des marketers aux ingénieurs en passant par les financiers, les faire travailler ensemble étant « déjà une révolution pour le groupe » selon les dires de M. Lallement. La structure est ainsi à même de présenter des plans détaillés, à la fois crédible sur le plan technique et sur le plan économique, à son comité de direction. Cependant, du fait de la lourdeur des process de développement automobile, d’un impératif de résultats et de reporting régulier des activités de LCI au Top Management (4 fois par an), LCI bénéficie d’une liberté d’agir moindre comparé à BIG .

Quelque soient leurs degrés de liberté, ces deux cellules témoignent d’un glissement vers des structures de prospective plus autonomes au sein des organisations, cela dans une volonté de trouver par l’innovation de rupture un remède efficace à la morosité économique.

A noter sur vos tablettes : le prochain Matin de Tilt se tiendra le 3 janvier au … Lab, structure créée par David Edwards et dédiée à l’innovation de rupture alimentaire [le Lab est notamment à l’origine du Whif]. Vous y découvrirez en avant-première le Wikibar [des produits à base de packagings comestibles]. Et ce sera également le prétexte pour Tilt ideas de revenir sur ses coups de coeur repérés au Sial.